Aménagements

La Croisée des Champs, un quartier durable au pied de la gare ?

En 2019, notre groupe local du GRACQ de Gembloux a transmis au Collège communal un avis appuyé sur le dossier de Périmètre de Remembrement Urbain (PRU) qui cadre de le développement du Quartier de la Gare à Gembloux. Nous y suggérions, vu la localisation de ce nouveau quartier naissant à proximité immédiate de la gare, d'y accorder une place conséquente aux modes de déplacement actif et d'envisager ce quartier de manière durable.

Si la Ville a pu entendre et prendre en considération cette demande en réduisant volontairement le nombre de places de parking automobile par logement, nous craignons malgré tout l'impact du choix de laisser une voirie traversante au sein du quartier, qui générera plus que probablement un trafic de fuite au sein du quartier afin de rejoindre la gare plus rapidement à la sortie du rond-point des 3 clés. Vu le trafic généré, cela aura pour conséquence de diminuer la quiétude au sein du quartier et d'augmenter le sentiment d'insécurité des usagers dits "actifs". Une bonne partie de l'emprise de la voirie et des zones de stationnement aurait pu être dédiée à des espaces de convivialité au sein du quartier, accessibles à pied ou à vélo.

Ce n'est que fin 2020 que le ministre Borsu a validé le Périmètre de Remembrement Urbain, laissant dès lors la place aux porteurs de projets pour proposer d'activer les différentes phases du PRU. Un premier porteur de projet présente dans la foulée un dossier pour l'activation de la phase nord du périmètre, appelé "La Croisée des Champs". Ce projet vise l'aménagement des espaces publics et des deux premiers ensembles immobiliers. Une large phase de consultation a été mise en place, via des ateliers citoyens notamment. Le GRACQ a été consulté, ce qui nous a paru très positif, afin de prendre en compte les besoins des "modes actifs" et plus particulièrement des cyclistes.

Suite à cette sollicitation, la locale s'est réunie et s'est penchée sur les plans d'aménagement pour rendre un avis étayé sur la question de l'intégration des modes actifs au sein du quartier. Vous trouverez ci-dessous le courrier que nous avons adressé ensuite au Collège communal, au BEP et aux porteurs de projet.

201023_gracq_avis_projet_phase_nord_pru.pdf

Ce qui est vraiment dommage dans ce processus de consultation, c'est que notre avis pourtant sollicité n'a quasiment pas été pris en compte !

Les elements perfectibles

Dans l'optique de développement d'un quartier durable, il faut veiller à ce que la marche et le vélo (et autres engins de micro-mobilité) soient le premier réflexe, car les plus faciles et adaptés au quartier, qui est lui-même situé à proximité immédiate de la gare. La crainte que nous formulons se situe dans l'acceptation d'aménagements irréversibles qui bloqueraient le quartier à très long terme dans un "entre deux" où l'on veut à la fois privilégier totalement la voiture et les modes actifs, ce qui entrainera nécessairement des conflits d'usage par la suite. Aujourd'hui, pour un quartier comme celui de la gare, nous défendons un réel changement de paradigme où la voiture devient secondaire. Elle reste présente mais elle n'est certainement pas le mode de déplacement auquel on octroie le plus de place et de visibilité au sein de l'espace public, car il y a d'autres alternatives possibles à cet endroit, surtout si les aménagements sont bien conçus dans cette optique.

Il est intéressant de noter que cette manière d'envisager le développement de nouveaux quartiers s'inspire directement des recommandations et visions de développement du territoire de la Région au travers des Quartiers Nouveaux, de la Vision FAST 2030 et de sa Stratégie Régionale de Mobilité qui visent un transfert modal important, à savoir doubler la part des modes de déplacement alternatifs à la voiture individuelle d'ici 10 ans. Ceci est d'autant plus pertinent que nous sommes dans une zone située à proximité du mobipôle que constitue(ra) la gare de Gembloux. Pour atteindre cet objectif, il est clair que la Région demande dès-à-présent aux Villes et Communes de Wallonie de jouer le jeu pour contribuer à cet effort collectif.

Concrètement, nos principales remarques sur ce projet portent sur :

• L'aménagement des voiries et du stationnement de surface
  • la voirie traversante principale est une longue ligne droite ce qui encourage les vitesses et le trafic de transit. Des plateaux ont été ajoutés suite à notre rencontre avec les porteurs de projet. Néanmoins, une grosse part de l'espace public est à cet endroit dédiée au trafic automobile et à son stationnement. On ne privilégie pas la mixité ni la convivialité de cet espace public. La piste cyclable séparée mixte en bi-bande induit des conflits potentiels à chaque carrefour pour le cycliste qui roule en sens inverse, et pourrait amener des conflits entre usagers "actifs".
  • D'autres éléments sont pointés du doigt sur les autres voiries : trafic de fuite, difficulté de traversée pour les cyclistes afin d'atteindre la piste cyclable, venelles trop étroites, ...
• Le stationnement privé
  • Le principal souci se situe dans la possibilité de stationner de manière efficace son vélo au sein des ensembles immobiliers. La majorité des parkings sont situés au sous-sol et ne seront pas a priori accessible par ascenceur (trop petits). Il faut dès lors pousser son vélo par la rampe d'accès du parking sous-terrain, sur une pente de 15%, ce qui nous parait totalement inapproprié et très dissuasif.
• La connectivité du quartier aux autres pôles d'attractivité
  • Il est important de réfléchir aux itinéraires de déplacement depuis le quartier vers les quartiers voisins et d'aménager les itinéraires/espaces publics en conséquence. A titre d'exemple, la piste cyclable sur la contre-allée le long de la N4 devrait être bidirectionnelle et accessible sans danger depuis les ensembles immobiliers (en limitant les traversées de voirie). La traversée et la circulation sur la chaussée de Wavre devraient également être adaptées.

Des propositions constructives

Dans le courrier que nous avions formulé, nous ne nous sommes pas contentés d'indentifier les éléments perfectibles, nous avons également souhaités être une force de proposition. C'est la raison pour laquelle nous avons suggéré toute une série d'améliorations pour donner à ce projet toute l'ambition qu'on lui souhaite en tant que quartier durable. Malheureusement peu d'entre elles se retrouvent intégrées dans le projet tel que présenté à la population.

Et si ce genre de projets/d'aménagements sont quelques peu novateurs pour les promoteurs, il existe des projets très inspirants dans les Villes et contrées voisines : comme par exemple ce projet de lotissement dans un quartier durable de Vienne : https://www.gracq.org/actualites-du-velo/logement-de-reve-pour-les-cycli...

Alors, pourquoi pas à Gembloux ?